Mai, le mois des poacées
Réputée pour sa forte pollinisation, le mois de mai se plaît à déjà disperser les pollens d’arbres alors que les poacées dominent encore. Plus connu sous le nom de graminées, le terme poacées, regroupe toute une lignée de plantes herbacées, puisqu’on dénombre environ 12 000 espèces groupées en 780 genres. Très cosmopolite (atypique), c’est une famille très importante sur le plan économique car elle fournit une part essentielle à l’alimentation de base, comme les céréales, la canne à sucre ainsi que de nombreuses matières utiles à l’industrie et l’artisanat telles que le bambou, la paille, la chaume ou encore la biomasse (éthanol).
La dénomination de « Poaceae », donnée par John Hendley Barnhart en 1895 fait référence au nom de la tribu des Poeae et au nom du genre-type, Poa , dérivé du grec ancien, πόα / póa, « herbe ». Ce nom de famille alternatif, correctement formé à partir du nom d’un genre, est celui dont l’usage est autorisé en application de l’article 18.6 du Code international de nomenclature pour les plantes (CIN), le terme « Gramineae », est également considéré comme un nom valide en raison d’un « long usage » (art. 18.5 du CIN)7.
Composantes principales des prairies, pelouses, bords de chemins, savanes et steppes, les graminées ont une répartition géographique très vaste puisque qu’on les retrouve sur l’ensemble des espaces sauvages de la planète. Sous nos latitudes, c’est de loin la majorité des herbes annuelles et vivaces que l’on rencontre, se glissant même au premier rang des pollens anémophiles dispersés annuellement dans l’air, du fait du réchauffement climatique que nous vivons. Avec une période de pollinisation, connue pour s’étendre initialement entre mai et juillet, on constate à présent une intensification des pollens dès le mois d’avril, et ce jusqu’à début octobre, du fait de la floraison successive de ses espèces.
Le rhume des foins ou rhinite allergique
L’ampleur de son potentiel allergisant, en fait le premier allergène pollinique présent sur le territoire et c’est à lui que nous devons le terme de « rhume des foins », dont la première description clinique a été réalisée dans les années 1830, par le docteur Charles Harrison Blackley, qui lui-même en souffrait chaque année. Il démontra que la maladie n’était pas simplement due au foin et la paille, qui issus des graminées céréalières véhiculent à leur surface des pollens, mais également aux plantes à fleurs. Si les graminées céréalières (cultivées) ont été adaptées à l’autopollinisation et présentent donc un caractère allergisant moindre, les graminées sauvages sont elles, anémophiles, c’est-à-dire que leur pollens sont capables de parcourir plusieurs centaines de kilomètres.
Une vingtaine de pollens de graminées par m3 d’air suffit à déclencher des symptômes chez les plus sensibles, mais dès lors que celle-ci atteint 50 grains par m3, 90 % des personnes allergiques auront tendance à présenter des signes hostiles. Lors des plus forts pics de pollinisation, ces valeurs peuvent grimper jusqu’à 500 grains par m3 d’air. Les pollens de graminées traversent bon nombre de régions polluées qui les mettent au contact de diverses particules (oxydes nitrite, ozone, composants du smog estival, …) qui vont fracturer leur enveloppe, renforçant ainsi leur pouvoir allergisant. Sous l’effet de la pollution atmosphérique, les végétaux par mécanisme de défense vont également émettre une plus grande quantité de pollens qu’à la normale, ce qui aura tendance à développer une importante proportion de cas chez les urbains.